
Collaboration spéciale
Le remarquable projet d’aménagement de la Marina de Berthier sur mer, porte d’entrée du site historique de Grosse-Île, illustre une volonté commune forte de toutes les parties concernées. Il ne s’était plus investi autant d’argent dans la région, depuis très longtemps, pour ce type d’infrastructure. L’originalité du plan est de tirer partie des travaux de dragage liés à l’envasement, qui sont nécessaires tous les dix ans, pour aller beaucoup plus loin. Les différents intervenants concernés ont décidé de revaloriser la destination Grosse-Île, pour attirer plus de touristes et de voyageurs corporatifs. Il faut s’en féliciter. Le trafic des passagers devrait progressivement augmenter de plusieurs milliers de personnes chaque année. Mais faut-il pour autant ne pas vérifier, qu’un investissement de 4 millions de $, dont 3 millions d’argent public, soit utilisé de façon équitable ?
Les Croisières Lachance, qui détiennent l’exclusivité de la desserte de Grosse-Île, se sentent remises en cause.
Jean-François Lachance, des Croisières Lachance, a contacté le journal pour indiquer qu’il n’avait pas demandé d’argent public et que le CLD n’était pas une référence dans l’utilisation de cet argent. Il a souhaité s’exprimer. Mais lorsque votre journal a tenté hier matin d’obtenir une déclaration officielle des Croisières Lachance, il s’est heurté au mutisme total, malgré 6 appels téléphoniques sur la boîte vocale de Jean-François Lachance. En allant sur place pour prendre un rendez-vous avec un représentant des Croisières, la réceptionniste a montré la porte au journaliste de votre journal. Devant ce comportement désagréable et surprenant, votre journal a annoncé qu’il se présenterait à 15h avec micro et caméra. Préalablement à sa venue, une menace de poursuites a été téléphonée au bureau du journal. Sur place, il n’a pas été possible de rencontrer un responsable. (Voir vidéo)
Pourquoi une telle agressivité ?
C ‘est que le projet conjoint Marina et Municipalité, en coopération avec la corporation de Grosse-Île est d’envergure. À ce titre il bouscule les situations. Il s’agit d’un concept d’aménagement et d’interprétation très ambitieux, que l’on nomme « Parc fluvial de Berthier-sur-Mer » et dont l’objectif est d’offrir une porte d’entrée digne de ce nom à Grosse-Île. Nathalie Cloutier, Commissaire industrielle et touristique au CLD de la MRC de Montmagny, a fait parvenir au journaliste de l’Oie Blanche un texte précisant les chiffres de l’investissement annoncé. Heureux de cette contribution, votre journaliste a obtenu un rendez-vous avec madame Cloutier.
Sur les millions du projet Berthier-Grosse-Ile
Selon Nathalie Cloutier, « il existe trois projets différents qui ont été coordonnés pour devenir le grand projet que nous connaissons ». Celui du Havre de Berthier (la Marina), celui de la municipalité de Berthier et celui de Grosse-Île. « Chacun de ces projets est distinct », explique madame Cloutier. « Chacun d’eux a fait l’objet d’une analyse de ses coûts et d’un financement séparés, mais coordonnés avec le projet global. À chaque fois, pour respecter les règles du financement public, il fallait un apport privé et l’argent public provient d’un palier différent ».
La répartition en trois projets se répartie ainsi :
-Le Havre, qui gère la Marina, devait procéder à des travaux de dragage.
-La municipalité de Berthier sur mer voulait bonifier ses infrastructures de services portuaires. L’objectif commun de la Ville et de la Marina est d’aménager ensemble leurs terrains pour y proposer des aires d’observation et d’interprétation (une vitrine du fleuve, de son archipel et de Grosse-Île) et des équipements de service renouvelés (gare maritime, boutiques, stationnements).
-Corporation pour la mise en valeur de Grosse Île, qui est le gestionnaire de Grosse-Île pour le compte de Parcs-Canada, souhaitait depuis longtemps améliorer l’offre sur « cette destination d’exception, celle que peut représenter une Ile au milieu du Saint-Laurent ». En synchronisation avec tous les partenaires intéressés, cette corporation, qui est un organisme sans but lucratif, pilote un projet qui consiste en la revalorisation d’un grand bâtiment patrimonial désaffecté sur l’Île, pour servir de salle de réunion et de congrès pour des évènements corporatifs. La création de cet équipement va augmenter le nombre de nuitées auprès des hôtels de la côte sud.
Les coûts de chaque projet seraient les suivants :
-Le Havre de Berthier-Marina (dragage, pavillon des visiteurs, billetterie, bâtiment de service, promenades fluviales, signalisation, stationnement) : 1,4 millions $
-Municipalité de Berthier (débarcadère, équipements d’interprétation, bâtiment de service, aqueduc-égoût, signalisation, stationnement): 728 000$
-Corporation pour la mise en valeur de Grosse Île, le gestionnaire pour le compte de Parcs Canada (salle de réunion pour évènements corporatifs) : 1,5 millions $. Le total du coût du projet global à financer serait donc de 3,728 millions de $. La réalité, selon Nathalie Cloutier, serait donc « légèrement inférieure » à 4 millions de $.
Cela donnerait la structure de financement suivante :
Financement Public :
-Fédéral (Développement économique Canada, pour Grosse Ile) : 2,3 millions $
-Provincial : 328 000$
-Municipal : 214 000$
-Tourisme Chaudière-Appalaches : 100 000$ dans le cadre de son programme d’investissement conjoint avec Tourisme Québec.
-MRC : 75 000$ dans le cadre du Pacte rural, volet régional (car 75 % des visiteurs de Grosse-Ile passent au moins 1 nuit sur la Côte-du-Sud . Grosse-Île représente le forfait le plus vendu par les hôteliers.
-CLD : 60 000$ (3 fois 10 000$ pour chacun des projets, répartis sur deux exercices financiers).
Total financement public: 3,077
Financement privé :
-Marina (financement des 82 membres, dont les croisières Lachance) : 236 000$
-Autres fonds privés (collecte destinée à participer au projet de financement dans son ensemble) : 400 000$
Total financement privé : 636 000$
Ce qui donnerait un total financé de 3,713 millions de $ financés, dont 3,077 millions d’argent public.
Le financement public dépasse bien les 3 millions de $ annoncés par L’Oie Blanche dans sa version papier. En réalité, ce qui dérange est la retenue dans la remise d’une information précise par les parties concernées.
Sur la question Lachance !
L’exclusivité de la desserte de Grosse-Île depuis la Marina de Berthier interpelle à la lumière du projet. L’augmentation du trafic de passagers sera la conséquence directe de l’investissement de 3 millions de $ de fonds publics. Bernard Généreux, député fédéral sortant et candidat conservateur, a déclaré vendredi en point de presse, en compagnie du ministre Paradis, que le contrat Lachance serait échu en 2014, et qu’à cette date un appel d’offres serait tout à fait possible. (Voir vidéo).
Norbert Morin, député provincial libéral a déclaré ce samedi à l’Oie Blanche que « le gouvernement allait ouvrir l’offre des croisiéristes au départ de Berthier. Nous n’avons pas d’hostilité de principe à plus de concurrence et à l’organisation d’un appel d’offre », affirme-t-il. « Ça va amener Lachance à être encore meilleur! ». Pourtant Nathalie Cloutier est choquée que l’on puisse remettre en cause l’exclusivité de Lachance : « Le contrat qui traite de la desserte de Grosse-Île est privé. Il a été signé entre les Croisières Lachance et la corporation du Havre. On ne voit pas ce qui obligerait les signataires à le rendre public. Les hôteliers vont bénéficier également de l’investissement, notamment celui de l’aménagement de l’équipement destiné à des activités corporatives sur Grosse-Île. Il va augmenter le nombre de nuitées dans les hôtels de la région de Berthier-Montmagny. Pourtant vous ne leur demandez pas de comptes ! »
L’Oie Blanche tente d’informer ses lecteurs. Le débat sur le maintien du contrat d’exclusivité en faveur des Croisières Lachance, malgré l’investissement public de plus de 3 millions de $, serait-il illégitime? À vous de juger.
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