La route 132 est sans contredit un atout majeur au niveau du paysage et de l’offre touristique pour notre région. Non seulement on y retrouve le fleuve, mais aussi les traces généreuses de l’histoire et d’un certain mode de vie. Et bien sûr, quand le patrimoine bâti et le fleuve se combinent, il faut être conscient de la valeur de ce qu’on y retrouve. J’aimerais dire combien je trouve inconcevable la disparition d’une belle maison du milieu du 19e siècle avec vue imprenable sur le Saint-Laurent. Le bâtiment en question dont je déplore la disparition récente était situé à l’Anse-à-Gilles et fut successivement la résidence d’un médecin vers 1870, une auberge pour les touristes au début du 20e siècle puis un bar à partir des années 70. Il était surnommé le Petit manoir à juste titre, car avec ses lucarnes victoriennes et son balcon à deux étages au dessin très élégant, ce bâtiment de trois étages avait plusieurs atouts pour lui. Pour qui a déjà pris la peine de l’observer, le travail de ferblanterie sur la généreuse mouluration de la jonction mur-toiture des lucarnes était particulièrement réussi.
Le patrimoine et sa conservation, c’est surtout une question d’étanchéité et d’un bon coup de pinceau. Trop de gens voient sa gestion comme quelque chose de très coûteux, ce qui amène les démolitions inconsidérées. Il est évident que la MRC de L’Islet n’est pas intéressée par la mise en valeur du patrimoine architectural. Nous sommes en retard comparativement aux MRC de Kamouraska ou de Bellechasse par exemple, car ici il n’y a pas d’incitatif, pas de programme et pas de mesure particulière de protection. Oui, il existe un schéma d’aménagement mais on n’en voit pas les effets de manière concrète. On est obligé de le redire après l’avoir constaté: les beaux exemples de conservation et de développement du patrimoine sont essentiellement dus à l’action d’amateurs éclairés et non des pouvoirs publics.