Je suis toujours heureux que certains lecteurs de cette chronique me transmettent des renseignements sur des projets qui menacent l’intégrité du patrimoine architectural de la Côte-du-Sud. Le dernier en date concerne la conversion en logements d’une résidence unifamiliale bicentenaire située sur ce que je considère comme le plus beau secteur de Saint-Jean-Port-Joli, et j’ai nommé la rue de L’Ermitage. Si les renseignements qui m’ont été transmis sont exacts, la maison en question sera divisée en trois appartements. J’ai eu la chance de visiter l’automne dernier cette résidence qui venait d’être mise en vente et j’avais pu apprécier, à cette occasion, la qualité des espaces intérieurs ainsi que la richesse de la mouluration et des plafonds à caissons. Je m’étais alors dit que le futur propriétaire des lieux serait chanceux de s’installer dans une si belle maison avec vue imprenable sur le Saint-Laurent. Convertir une telle propriété en appartements est une grave erreur qu’on ne devrait plus voir de nos jours. À une certaine époque, l’ignorance pouvait être invoquée pour justifier une telle intervention mais pas en 2010. Surtout lorsque le patrimoine et la culture représentent le fond de commerce et la pierre angulaire du développement de notre région. Que fait le comité d’urbanisme? Comment en arrive t-on à permettre une telle dilapidation ? Comment peut-on faire preuve d’aussi peu de sens critique quant aux projets soumis pour approbation? A-t-on peur à ce point de freiner l’élan des entrepreneurs ou est-ce de la paresse intellectuelle? Ce projet comporterait en plus une phase de développement additionnel sur un terrain déjà très petit, dans un secteur au caractère champêtre. Il y a d’autres moyens, pour palier au manque de logements, que de mutiler des modèles parfaitement aboutis de notre architecture domestique ancienne.
Pour encourager la cause de la conservation de l’architecture traditionnelle, car tout n’est jamais perdu, la Conférence régionale des élus de Chaudière-Appalaches vient de lancer une brochure des plus intéressantes pour les propriétaires de maisons patrimoniales. Ce document intitulé Un précieux héritage à conserver, renferme une multitude d’informations pertinentes afin d’aider les gens à orienter leurs choix lors des travaux de restauration de leur maison ancienne. Ce document est disponible dans les MRC participantes et se veut un complément à la Clinique d’architecture patrimoniale qui vient d’être lancée.
Je suppose que c'est la maison que les gens de mon âge connaissent sous le nom de "maison Barthélémy Chouinard".
C'est très malheureux. SJPJ se vante à juste titre de sa performance culturelle mais le patrimoine bâti est le maillon faible de cette image.
Gaston Deschênes,
Québec
Rédigé par : Gaston Deschênes | 02/04/2010 à 13:52